13 février 2018

Amérique du Sud #13 Île de Pâques (Chili)

      Juillet 2012, je suis en Australie et tente de planifier un voyage sur quelques îles du pacifique sud. Je me renseigne sur cette petite île perdu à l’Est de l’Océanie découverte par les Européens, le jour de pâques 1772 (ils ne se sont pas trop foulés pour le nom…). Les seuls vols que je trouve me font (d’Australie) partir jusqu’à Santiago (Chili) pour revenir sur l’île, les prix sont logiquement exorbitants…
(ils ne se sont pas trop foulés pour le nom…) » (entre les îles Féroé, la Jordanie et quelques autres...).

5 ans après, me voici de l’autre côté du pacifique travaillant dans un hôtel et où il est facile de se libérer quelques jours… Le choix est vite fait même si de ce côté, c’est pas donné non plus, 700 € l’aller et retour, il faut dire que l’île se trouve à 3700 kms du Chili.


Quelques infos rapides sur l’île : c’est l’un des endroits les plus isolé du monde, à l’ouest, les Pitcairn (2000 kms), à l’est, le Chili (3700 kms donc). Elle fait 23 kms de large par 12 kms de haut, aurait été peuplée par les Polynésiens (on ne sait pas trop quand). Ils auraient été jusqu’à 15 000 (voire 20 000) provoquant une surpopulation, épuisement des ressources, rajoutez l’invasion européenne, ramenant des rats et maladies dont les autochtones ne connaissaient pas et dont les corps n'ont pas résisté. Ceux qui survivaient étaient majoritairement fait comme exclave (haaaa, l'Europe coloniale...). La population serait tombée jusqu'à 111 habitants, Aujourd’hui il y a environ 5000 personnes sur l'île…

Bref, écologiquement parlant, cela reste un tragique exemple de l’histoire à ne pas reproduire et pour lequel on fonce tête baisser à toujours courir derrière la croissance infinie sur notre planète qui à preuve du contraire, ne l’est pas…

Vous trouverez plein de vidéos sur internet pour approfondir le sujet, celle de Faut pas rêver île de pâques est intéressante et fait un bon résumé en 15 minutes…

Revenons au voyage, j’ai fait une carte des lieux que je souhaite découvrir, vu la taille de l’île, je me déplacerai à pied ou en stop. Pour dormir, le camping sauvage est interdit, ils sont plutôt « anglais » en ce qui concerne les règles, comprenez : il faut les respecter !
Pour dormir, le camping sauvage est interdit, ils sont plutôt « anglais » en ce qui concerne les règles, comprenez : En plus de ça, le temps ne s'annonce pas super...

C'est fou les différences dans l'échelle sociale... J'ai presque honte de mon luxe...

Sud

      J'arrive sur l'île vers 10h, le soleil est là, je décide de partir directement voir les deux « grosses » activités : la carrière de Rano Raraku et les 15 Moaï de Tonariki. Des locaux puis des Chinois avec un guide local m'y emmènent. Sur la route, quelques arrêts montrant les fondations des anciennes maisons, des petites grottes et des moaï renversés. À la carrière, je fais le tour, c'est plutôt impressionnant de voir autant de moaï sur un seul versant.


Des moaï renversés sur « la route des moaï » (d'où ils étaient ensuite dispatchés sur l'île), des statues encore en construction mais abandonnée, l'évolution des « styles » des moaï au fil des générations... Je colle mes oreilles dès qu'un guide est dans les environs et c'est d'ailleurs amusant de voir qu'eux même avancent des théories différentes sur le déplacement des statues par exemple...


Moaï en constructions

Je marche ensuite jusqu'à Tonariki, l'endroit fait très solennel avec ces 15 moaï dos à la mer, le regard droit sur l'intérieur de l'île qu'ils sont censé protéger, le plus haut fait 8 mètres...



Fatigué, et aillant bien chaud, je vois une petite maison de pécheur, personne pour le moment, je fais une sieste à l'ombre sur de grandes marches en bois. Une heure plus tard, un peu après m'être réveillé, arrive Gonzalo, un homme qui partage ce mini « port » avec d'autres personnes. Il me propose de me ramener en stop au village de Hanga Roa.

Pour la petite histoire, j'ai décidé de m’approcher de ce petit port car dans « j'irai dormir chez vous Chili » Antoine de Maximy y avait trouvé l'hospitalité d'un pécheur qui y vivait. Ce jour-là personne donc, Gonzalo m'a dit que les propriétaires vivaient entre cette maison et une autre au village.

Épuisé, je décide donc de dormir au camping, je fais la connaissance de Jérémy, un Belge francophone, le soir, on part voir le coucher de soleil au nord du village de Hanga Roa.


Nord Ouest

      Départ tranquille en milieu de matinée pour faire la une randonnée qui longe toute la côte nord-ouest de l'île. Je prends mon sac en espérant faire un camping sauvage ou bien dormir chez les gens à la plage de Anakena. La rando est vraiment sympa, grottes, paysage d'île volcanique, des moaï et Gustave, un chien qui nous suit depuis la ville.


Après quelques détours pour acheter à manger, après l'entrée du parc, on mettra finalement 6 heures atteindre la plage et j'avoue que les deux dernières étaient de trop tant on était crevé et on manquait d'eau (c'était un des problèmes des habitants de l'île à l'époque d'ailleurs).



Une fois arrivé à la plage, Gutave nous lâche comme un mal propre (on y avait filait à manger et à boire, le salaud!) quant à nous, bien trop fatigué pour profiter, on boit un coca, une bière et on repart facilement en stop ramené par des locaux qui nous propose d'aller voir la répétition d'un spectacle de danse qui aura lieu dans quelques jours.

Dilemme du jour :

      Durant la rando, Jérémy me parle que le lendemain, il va faire le tour de l'île en voiture avec deux autres belges (flamant ceux-là), levé de soleil aux 15 moaï et session photos de la voie lacté la nuit (choses compliquées à faire à pied). J'ai donc le choix entre les suivre et avoir porté mon sac de 18 kgs POUR RIEN ou bien continué mon plan initial. Quoi que je choisisse, j'ai porté mon sac, autant choisir ce qui me plaît le plus : Le tour de l'île et les photos ! Jérémy se fou quand même de moi quand je lui apprends mon choix, lui qui m'a vu marcher plus de 20 kms avec mon sac, pour rien donc...

Tour de l'île

      Réveil 6h30, je ne me souviens même pas quand est-ce que je me suis réveillé aussi « tôt »... Le style de vie argentin me colle désormais à la peau ! Une grosse cinquantaine d'autres voitures ont eut la même idée que nous, le levé de soleil est vraiment extraordinaire même si on se fait un peu bousculer par certains touristes...


Petit passage à la carrière où j'ai été deux jours plus tôt. On fait également une petite marche qui donne sur le cratère, on peut voir d'autre moaï au loin, eux ne sont pas accessibles aux visiteurs.



Anakena

      Arrivé sur l'île bien moins fatigué que la veille, on mange un empanada, nous mettons à l'eau et traînons un peu sur la plage. La couleur de l'eau, la plage, les palmiers... C'est pas trop mal :)



Reprenant la route, on fait quelques arrêts des lieux « à voir ». Rien de très extraordinaire, des moaï cassés, des pierres magnétiques et des gravures franchement bof bof...


Un peu plus loin, on recroise des gars qui ont travaillé toute la journée à boucher les trous d'une portion de route en pleine cagne. Ils se baignent dans des courants qui ont l'air bien forts. Je me dis qu'ils connaissent le lieu et me jette à l'eau avec Gijs (un des deux flamants). Effectivement, il y a pas mal de courant et de gros cailloux partout mais l'endroit où les locaux se baignent est un peu plus tranquille.


Retour pour la troisième fois aux 15 moaï, la lumière est à nouveau différente et je ne m'en lasse pas...


Le soir, on fait donc une expédition pour photographier les étoiles, mon appareil ne peut pas pendre de photos, dommage...

l'appareil de Jérémy si !

Plus tard, on tente de demander au garde des 15 moaï de rentrer pour faire des photos, il en est hors de question. On fait le tour à la cabane du pécheur (où j'avais fait ma sieste deux jours plus tôt), prenons les photos de là sous l'œil attentif des gardes qui ne nous font pas confiance du tout (on était plein de bonnes intentions pourtant...).

Sud Ouest

      Dernier jour, on traîne pas mal au camping à cause de flémingite aiguë, mais surtout d'une course de mec avec des régimes de bananes...


Avec Jérémy et Margot (encore une Belge...) on marche finalement pour Rano Kau, un cratère de volcan et le village de Orongo.



Petit moment culture sur le culte de l'homme oiseau :

      Après la période « fabrication et déplacement de grosses statues de pierre », les habitants ont délaissé les moaï. Plusieurs raisons : guerres de clan, surpopulation, famine... Leur nouveau kiff est le suivant : élire un représentant de chaque clan et leur faire faire une course pour devenir le chef pour un an (il reste un roi en haut de l'échelle). Mais attention, pas un 400 m haies ou une course avec deux régimes de bananes sur les épaules, Non ! Une vrai course de bonhomme !

Départ sur une falaise de 180m de haut, ils doivent descendre la pente de 85 degrés, nager deux kilomètres jusqu'à une petite île (attention aux requins qui rôdent). Une fois sur l'île, ils récupèrent un œuf et doivent se taper le trajet à sens inverse. Arrivé en haut, il donne cet œuf au roi qui le proclame vainqueur.

De son coté, la femme, (une sorte de princesse) était cajolait pendant un an dans ce village en attendant que son prince arrive. Elle espérait secrètement que le gars qui va gagnait la course ne soit pas trop moche ou trop con (ça c'est de moi, j'avoue). Bref, le roi avec l'oeuf vérifiait la virginité de la fille en le lui mettant dans le vagin et paf ils vivent heureux avec plein d'enfants...

Voilà voilà...

      On continu notre balade en faisant le tour du cratère, le temps se gâte pour la première fois du voyage. De l'autre coté du trou, on se rend compte de l'exploit (ou de la connerie) des mecs qui descendaient ça...

Oui oui, c'était là, en face de l'île qu'ils descendaient...

En fin d'aprem, on fait un petit tour en ville, le soir, on va voir le festival qui présente des peintures sur corps dont les « mannequins » raconte des histoire en Rapanui, on a rien compris à part à un moment ou une fille a dit « Kamehameha! ».

Derniers moments sur l'île

      L'avion est à 15h, on profite de la matinée pour aller avec Jérémy au musée. Petit, mais intéressant, il retrace toutes les hypothèses, théories qui restent encore à découvrir ou à confirmer...

Petit break bien sympa donc, cela m'a permis de me changer les idées de l'hôtel, j'ai également une impression d'avoir « refermé » la boucle « Océanie » avec ce point le plus à l'est du continent déjà bien parcouru quelques années auparavant. J'ai aussi et surtout découvert un lieu unique encore plein de mystère et qui m'a fait ressentir une réelle sensation de claustrophobie quand on regarde tout autour de soi, qu'on se rend compte que tout n'est que mer (bon d'accord, c'est le principe d'une île) et qu'en plus de ça, on sait que c'est vraiment perdu au milieu de rien...

Toutes les photos de l'article au lien suivant :


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